La te-hon

4 Avr

La semaine dernière, j’ai vécu la première épreuve de ce nouveau cycle de tentative FIV (j’essaie d’oublier qu’il s’agit du 3ème…) : aller chercher les médocs à la pharmacie.

Que je vous explique, ma pharmacie de quartier, c’est juste la pharmacie la plus fréquentée du département. Non, pas de la ville… du département je vous dis! Autant vous dire qu’il y a du monde à toute heure.Ô joie, ô bonheur! Pourquoi je n’en change pas vous me direz? Eh bien je ne peux pas car pour une raison compliquée sur laquelle je ne m’étendrai pas, si je veux être prise en charge à 100% sans avance de trésorerie, je dois aller à celle-là, juste à côté de chez moi.

Pourquoi je hais la pharmacie? Pour 2 raisons:

  1. les personnes que je connais que je pourrais rencontrer
  2. les pharmaciens et surtout les pharmaciennes.

Petit épisode traumatisant: alors que j’achetais un traitement pour une iac, la comptoir voisin est occupé par une fille avec qui j’étais en fac. On était pas copines, on ne se parlaient plus depuis. Et là, je la vois jeter un oeil sur l’ostensible boîte de Gonal F, me regarder et d’un geste naturel, elle s’approche pour me faire la bise. Pétasse. Salope. Truie. Pour écarter tout malentendu, cette fille n’a eu aucun mal à concevoir donc ce n’est pas une quelconque solidarité qui l’a poussée vers moi.

Quand j’ai dû acheter mon traitement pour FIV1, il était hors de questions de revivre cette expérience humiliante de moi devant un mur de boîtes de seringues. Ma pharmacie proposait désormais de commander mes médocs par e-mail. Merci la technologie! Une photo de l’ordo et ça partait par email depuis mon iPhone, trop facile, mes angoisses s’envolaient. C’était sans compter sur la discrétion d’une concierge des pharmaciennes. Arrivée à la caisse, je murmure « je viens chercher ma commande » en tendant l’original de l’ordonnance. Je n’aurais pas été plus mal à l’aise à l’idée de demander du lubrifiant anal mais j’étais rassurée à l’idée que tout était déjà emballé. Et j’avais raison, mon sachet arrive avec tout le bordel à l’intérieur. Mais là, c’est le drame quand successivement la pharmacienne :

  • défait le sachet pour scanner une à une chaque boiboite – parce que c’est pas possible de le faire avant apparemment
  • s’exclame « vous vous faites les injections toutes seules? » – croyant nécessaire d’entretenir la conversation…

Je manque gerber sur son comptoir. Je blêmis, je transpire. Je n’ai pas envie d’en parler bordel, ça se voit non? J’ai encore mes lunettes de soleil sur le nez, tu les vois pas! J’ai pas mis de cagoule car on en juillet et j’ai peur de me faire arrêter par les flics!

« Moi aussi, j’ai connu ça« , continue-t-elle. « J’ai eu ma fille par insémination, je me souviens comme c’était dur. Heureusement, ça a marché du premier coup! » Tu veux mon poing dans ta gueule? Une iac? Du premier coup? Et tu crois comprendre ce que je vis avec 3 iacs foirées et une fiv qui approche? Pitié, ne te sens pas obligée de te montrer solidaire… Elle conclut en disant « Pour mon deuxième enfant, on m’a proposé une fiv mais j’ai refusé. C’est trop dur. » Définitivement, tu peux pas me comprendre.

Mardi dernier, j’ai choisi un pharmacien. Un pénis, ça devait rendre la personne en face de moi moins curieuse et encline à déballer ma vie privée. J’avais raison, le gars passe rapidement les boites devant le scanner, sans me regarder. Je me détends, pensant échapper à l’humiliation cette fois. Et là, je le vois sortir un kit de 20 seringues sous blister transparent, en accordéon. In-ra-ta-ble pour toutes les personnes derrière moi… Dans la foulée, une pharmacienne qui connaît mon cas passe derrière lui sans me regarder, lance un regard sur le comptoir avec 1m50 de boite de Menopur (j’exagère à peine) et lever les yeux vers moi, plein de pitié et de compassion.

Je veux mourir. Je transpire. J’ai l’impression d’être aussi à poil que lors d’un écho-endo. Pire même.

Pitié, faites que je n’ai plus jamais à vivre ça…

Si toi aussi, tu as pris une la te-hon à la pharmacie, n’hésite pas à me la raconter pour que je me sente moins seule!

26 Réponses to “La te-hon”

  1. bleudorage 4 avril 2012 à 06:05 #

    Bah pareil, je déteste y aller … Pour le prochain, j’hésite entre la pharma qui me connait et une nouvelle et son lot de surprise. (sachant que j’en ai déjà essayé 3 autres !)

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:03 #

      Tu peux peut être panacher? Déca chez l’une, Menopur chez l’autre et Ovitrelle chez une 3ème! 😉

  2. Malou 4 avril 2012 à 07:02 #

    Punaise ça donne des envies d’insultes ça!
    Le respect du secret médical ?!

    Ca me rappelle être aller chercher des résultats dans un labo plus jeune. Pour détecter une infection à la con et la nana me lance hyper fort un

    –  » Ouf… c’est négatif  »

    Et là le super regard des gens qui se demande si à 16 ans ( bon j’étais plus vieille mais j’ai toujours fait pitchoune avant d’avoir 30 ans! Instant bizarre où je me suis mise à faire mon âge alors que je voulais plus… mais là c’est une autre histoire!) tu es venue pour un test de grosses, VIH ou autre…
    Je suis partie mortifiée.

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:07 #

      Mon premier Dr Fertilité m’a un jour dit, anéanti « Le secret médical? mais plus personne ne sait ce que c’est! » A la sécu, j’ai déjà eu droit à « Machiiiiiiiiiiiiine, la dame vient pour le 100% stérilité! Tu peux la recevoir? » 😦

  3. Nana 4 avril 2012 à 09:04 #

    Je vais aussi dans une très grosse pharmacie car je sais qu’ils ont toujours tout, mais je n’ai pas encore eu le droit à un moment de honte, mais peut être bientôt quand j’irais chercher mon butin !! Si ça m’arrive promis je te le dis !!!

    Bisous

  4. lapoiremasquee 4 avril 2012 à 10:05 #

    Pas un moment de honte (il ne manquerait plus que ça d’avoir honte en plus du reste…), mais de vrai énervement à la pharmacie.

    Je commande mon Gonal-F (oui, il n’en ont jamais d’avance à ma pharmacie), le soir je reviens le chercher, et le pharmacien le sort de sous son comptoir (et non pas du frigo où il devrait être). Je lui fais donc la remarque. il me dit avec un ton supérieur de pharmacien « mais enfin, pas du tout, ça ne se met pas au frigo, voyons !! ». Et là, mon sang n’a fait qu’un tour :
    1- tu me cause meilleur, je viens chercher chez toi depuis des lustres un traitement pourri.
    2- tu l’as toujours mis au frigo, le Gonal-F, tu vas pas me la faire à moi, y’a une couille dans le potage.

    Je vérifie donc l’objet du délit et lui dit, le plus gentiment possible :  » ce n’est pas le bon ». Et, en effet, il m’avait commandé du Gonal, oui, mais pas en stylo auto-injectable, ni seringue préremplie ni rien. Juste la poudre, la seringue, le liquide physio (comme pour le cétrotide, que je n’ai jamais réussi à m’injecter, chui nulle en mélange).
    Il me répond « mais si, y’en a pas cinquante, c’est celui là !!! »
    J’ai quand même du lui relire à voix haute l’ordonnance dans la pharmacie, pour qu’il admette enfin qu’il avait « peut-être » fait une erreur. Et j’ai pas eu honte, je m’en foutais des gens dans la pharmacie, je voulais juste lui faire bouffer son air suffisant à l’autre.

    Et là, il m’achève avec un « bon, du coup, on fait quoi, vous le prenez quand-même? »

    Je n’ai pas eu besoin de répondre, à mon regard furibard, il a pigé.

    Depuis, quand il me voit entrer dans la pharmacie, il va faire des trucs dans la réserve, pour que ce soit son collègue, une caricature de gay, gentil comme tout qui prenne mon ordonnance.

    Pas de honte, jolie Reine. Au contraire, on est des warriors, des vraies. On mérite une médaille. Merde.

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:09 #

      Il est con ton pharmacien et dangereux aussi!!
      Moi, j’ai pas honte mais j’aime pas en parler publiquement non plus… C’est hyper privé comme sujet quand même!

  5. Littlemiss 4 avril 2012 à 10:39 #

    On a toutes vécu ça je pense, ce manque de discrétion des pharmaciens. J’ai eu le droit à tout:

    Pour le traitement pré-FIV:
    – « Ah vous faites vos injections vous-même?! » (regard suspicieux des petites vielles autour)
    – A propos du Déca peptyl, « On n’en a pas, il faut commander, ça arrivera demain », « C’est pas possible ça monsieur, je dois commencer ce soir » (et là, du comptoir, il demande à sa collègue qui est derrière les étagères: « Machine, tu peux appeler la pharmacie Bidule savoir ce qu’ils ont comme traitement qui bloque les ovaires? » (j’étais déconfite)

    Pour le traitement post-FIV:
    – Je viens chercher mes chères ovules de Progestan. Je ne suis pas con, je communique avec mon médecin, mais la pharmacienne m’explique quand même comme on utilise…: « Ce sont des ovules, elles ne s’avalent pas, mais s’utilisent pas voie vaginale »… et y’avait juste un trentenaire au comptoir d’à côté (j’aurai aimer me couler dans le sol tellement j’avais honte!

  6. Dorothea 4 avril 2012 à 11:28 #

    Aahhh, les grands moments de solitude…j’en ai tellement….Perso, j’ai tj l’air d’etre un cul-de-jatte séropositive en phase terminale de cancer, qd je vais à la pharmacie, vu la pitié dans leur regard!!
    Y a une fois, j’ai envoyé mon mari, carrément, chercher mon butin!!
    une fois, je vais dans une autre pharmacie acheter un test de grossesse (oui, parce que si je vais ds l’habituelle, c’est qu’il y a un espoir et si j’y retourne le mois suivant, ça sera des regards Uber-pitié et aussi les comm’ genre: vous y avez cru, hein??!! bref) et là, j’achète 2 tests et la nana qui doit être une fertile genre C1 glousse et me dit: bah, vous voulez vraiment être sure de vous avant de l’annoncer!! »…j’aurais du répondre: ben oui, quand j’aurai l’immense bonheur de faire virer un pauvre test de grossesse, je serai tellement heureuse que je re-pisserai directement sur un autre…de peur qu’il soit défectueux

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:10 #

      Ouais, la fille qui essaie de jouer la copine, ça pue ça aussi!! Moi, les pharmaciennes me confondent toujours avec ma soeur et j’ai systématiquement droit à « et comment va votre fille? » Raté. Moi, je suis celle qui peut pas avoir d’enfant…

  7. Barbidou 4 avril 2012 à 12:01 #

    Il faut y aller la tête haute à la Pharmacie : depuis quand c’est la honte d’être en PMA ? Et puis, vu le prix des medocs c’est le tapis rouge qu’ils devraient déployer quand on arrive.
    Vas y la tête haute, le regard fier mais pas trop au cas où ils devraient se démener si rupture de stock.
    Si tu n’es pas en PMA qui connait le décapeptyl, le Gonal ou le Menopur alors rien à f.. des autres clients hein ?
    Une fois une pharmacienne a voulu y mettre son grain de sel/conseil : le regard noir que je lui ai lancé l’a bien calmé.
    Faut pas avoir honte bichette : tu releves ton défi reproducteur avec courage !
    Bisous

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:11 #

      C’est pas la honte mais c’est très perso et je me contenterai bien de juste acheter et payer sans avoir à étaler ça et l’agrémenter de confidences… Et puis probablement que j’assume pas vraiment non plus…

  8. Marie-Ève 4 avril 2012 à 12:43 #

    La clinique où je suis suivi est affiliée à une pharmacie. Cette pharmacie (loin de chez moi, donc pas de risque de croiser quelqu’un de connu) est spécialisée en fertilité. On nous offre la livraison à domicile (ils ont notre toutes les informations pour un paiement via visa sans qu’on soit présent!). ET la clinique peut même nous fournir certaines hormones et la facture est envoyée à la pharmacie! La joie!

    Si tu y vas en personnes, tu es entourée de couple infertile. Pas de question des pharmaciens. Simplement, un récapitulatif de la commande et la question : Avez-vous besoin que je vous réexplique les possibles effets secondaires et comment faire les injections? Et puis, la pharmacienne ayant créée la pharmacie est elle-même passée par plusieurs fiv pour avoir ses enfants.

    Je ne changerais de pharmacie pour rien au monde! Mais malheureusement, la pharmacie est un peu loin pour vous toutes… Elle est à Montréal.

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:12 #

      Ah ouais, ça me fait un peu loin! Mais franchement c’est tentant! D’autant que j’adore cette ville 🙂

  9. Lara 4 avril 2012 à 13:51 #

    Moi j’avais passé commande pour ma première FIV, et quand je suis allée chercher les médocs, à travers la pharmacie bondée la pharmacienne a crié à sa collègue: « Tu m’amènes la paquet stérilité qui est au frigo? C’est pour la dame en caisse 3. » Je précise que à la pharmacie en question je croisais de temps en temps l’ex de mon mari (qui lui a fait 3 gosses en écartant les jambes). Mais ce jour-là j’ai du avoir de la chance, elle n’était pas la.

    Depuis cet épisode c’est toujours chéri qui est allé en pharmacie et retrospectivement c’est vraiment bien d’envoyer Mr, ça lui permet de participer (bon, faut rester près du téléphone quand il y est, mais en attendant t’es bien au chaud planquée chez toi).

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:13 #

      Je crois que je vais déléguer s’il faut y retourner. Bonne idée 🙂

  10. Pmgirl 4 avril 2012 à 16:14 #

    Pour une fois, mon ordi me laisse accès aux commentaires donc j’en profite.
    J’ai fait bien pire…
    Pour aller plus vite, je vais à la pharmacie en face de mon bureau…
    En sortant du gynéco, je file à la pharmacie.
    La pharmacienne me montrait les seringues en accordéon quand à coté de moi.
    Je sens une tape dans mon dos…
    Mon boss et un collègue qui venait acheter des cachets pour la gorge.
    Je pense que là, j’ai vraiment du rougir de honte….

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:13 #

      Moi, je serais morte de honte… alors rougir, tu t’en sors bien! 😉

  11. Gwenaelle 4 avril 2012 à 18:52 #

    hello les filles,
    Chez moi la pharmacienne a eu sa ponction 2 semaines avant moi… quand on me voit arriver soit c’est elle qui me prend ou sa collegue bien sympa qui m’explique tout… mais bon ca n’enleve pas le fait que les seringues en accordeon c’est pas glamour a coller dans un sac a main…

    • loosequeen 4 avril 2012 à 20:14 #

      Y a une solidarité au moins, c’est déjà ça 🙂

  12. PlumeQuiEnfante 5 avril 2012 à 09:14 #

    J’ai jamais eu ce genre de honte à la pharmacie. Par contre la dernière fois, en revenant récupérer mon butin, je suis tombée sur la voisine mais bon je crois qu’elle n’ pas compris (tout était déjà dans le sac).
    J’ai eu chaud…
    Biz

  13. marion 5 avril 2012 à 11:27 #

    p’tain ya des pharmaciens (nes) gratinés quand même! La pharmacie où je vais d’habitude, le gars est super discret, il parle doucement, me met les produits dans un sac isotherme (cadeau). Et l’autre jour, accès de flemme, je vais à la pharmacie juste à côté de chez moi, le mec, déjà à la base il est pas net, mais là il se permet de me demander, en jetant un coup d’oeil compatissant sur les boîtes « et sinon, ça fait longtemps que vous essayez »?? Ben attends, assies toi, on va papoter et se raconter nos vies!

  14. Une histoire 6 avril 2012 à 12:18 #

    Ahh la pharmacie.. pour ma 1ere IAD, je suis allée chercher mon traitement Gonal et tout le « petit matériel » un peu en avance. La pharmacienne (enceinte!) part dans l’arrière boutique et crie bien fort : « bon le Gonal c’est au frigo, hein.. pour la sonde surtout faudra pas l’oublier le jour J sinon le médecin pourra pas vous inséminer!!! » On était genre 10 personnes dans la salle et tout le monde a entendu bien sur… Je me suis jamais sentie aussi mal!

  15. Babou 15 juillet 2014 à 14:47 #

    Olala oui moi aussi la honte à la pharmacie !!la pharmacienne aussi m’a dit blablabla j’ai eu mon fils en fiv, blablabla je comprend ce que vous vivez….et tout ça bien entendu avec du monde sur le comptoir d’à côté !!le clou qui m’a achevé c’est quand elle a dit : »ALORS POUR LES CAPSULES C’EST UNE MATIN MIDI ET SOIR BIEN AU FOND !! J’étais une vrai tomate !!! La honte !!!!!!

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